Du CERN aux hôpitaux
Pourtant, l’enjeu est grand, car la supraconductivité ne sert pas uniquement à « électrifier le monde » en assurant les besoins croissants de la population mondiale. En fait, les applications sont multiples.
En médecine, les matériaux qui n’ont pas de résistance électrique peuvent créer des champs magnétiques intenses qui sont essentiels au fonctionnement des IRM.
Au CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), le Grand collisionneur de hadrons, plus puissant accélérateur de particules au monde utilisé pour des expériences physiques sur la matière, dispose d’un tunnel de 27 km de long. Il a besoin d’une quantité d’énergie colossale pour fonctionner, avec un courant de 11 080 ampères et des champs magnétiques 100 000 fois plus puissants que celui de la Terre. Sans matériau supraconducteur, il devrait mesurer 120 km pour atteindre la même performance !
De plus, avec leur aptitude à repousser les champs magnétiques, les matériaux supraconducteurs provoquent un phénomène de lévitation. Au-delà de l’aspect « magique », ce phénomène peut servir à stocker de l’énergie. Un système de roue aimantée tourne dans le vide, sans rencontrer de résistance puisqu’il n’y a pas de frottement, et donc pas de perte d’énergie.
Enfin, ce sont ces mêmes bobines qui servent à générer les champs magnétiques utilisés pour reproduire la fusion nucléaire. Une technique encore en cours de conception qui pourrait produire d’énormes quantités d’énergie à partir de très peu de matière, comme le font les étoiles.
L’intérêt des matériaux supraconducteurs n’est plus à démontrer, et le secteur parvient déjà à être économiquement viable, avec notamment des entreprises françaises comme Nexans qui se sont fait un nom dans le milieu. Malgré ce succès, les recherches sont toujours extrêmement actives sur le sujet, dans l’espoir de faire sauter quelques verrous technologiques et d’aller plus loin pour produire plus de matériaux, pour moins cher.