À l’heure où la vente de voitures thermiques neuves sera théoriquement interdite d’ici 2035 dans toute l’Union européenne, le rétrofit s’impose comme une option séduisante. Plutôt que d’envoyer un véhicule à la casse, on en retire le moteur, le réservoir et l’échappement pour les remplacer par un moteur électrique, une batterie et un boîtier électronique. L’opération, strictement encadrée, doit être bien sûr réalisée par un professionnel agréé.
Évidente, la motivation à réduire son empreinte environnementale n’est pas le seul facteur d’attrait pour les automobilistes. Le retrofit permet ainsi de conserver une voiture déjà amortie, parfois chargée de valeur affective, tout en profitant du silence de l’électrique et de coûts d’entretien réduits. Mais reste l’obstacle principal : le prix. La transformation d’une citadine ou d’un SUV peut se chiffrer dans une fourchette allant de 10 000 à 20 000 euros. Soit un coût équivalent à celui d’un véhicule électrique neuf d’entrée de gamme après aide CEE* pour les ménages éligibles.
Une prime nationale pour réduire la facture
Pour rendre cette transition plus accessible, l’État a mis en place une prime spécifique. Son montant varie selon les revenus. Les ménages les plus modestes, dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 16 300 euros, peuvent obtenir jusqu’à 5 000 euros. Pour les autres, le coup de pouce est fixé à 1 500 euros.
Par ailleurs, l’éligibilité dépend également de l’âge du véhicule : il doit avoir plus de cinq ans. Quant aux contraintes techniques, elles imposent que le poids final ne dépasse pas 120 % du poids d’origine et que la puissance du moteur électrique reste équivalente à celle du moteur thermique remplacé.
Attention toutefois car cette prime ne se cumule ni avec les aides CEE (qui remplacent le bonus écologique), et qui sont réservées aux achats de véhicules neufs, ni avec la prime à la conversion, supprimée fin 2024. Elle constitue donc une aide à part entière, conçue uniquement pour soutenir la transformation des véhicules existants.
Les régions en renfort
Afin d’encourager les automobilistes aux revenus les plus modestes, certaines collectivités ont choisi d’aller plus loin. En Île-de-France, par exemple, la région subventionne, via une « prime à la non-casse » jusqu’à 6 000 euros pour un véhicule particulier et 1 000 euros pour un deux-roues. L’aide s’adresse aux particuliers, mais aussi aux petites entreprises et aux communes de moins de 10 000 habitants.
Le bénéficiaire doit s’engager à conserver le véhicule pendant au moins deux ans et à respecter un plafond : l’ensemble des aides publiques ne peut dépasser 50 % du coût de la transformation. La demande se fait en ligne, dans les trois mois suivant l’opération. Cette aide locale, cumulée avec la prime nationale, peut faire basculer la décision pour ceux qui hésitent encore.
Un choix d’avenir
Si le rétrofit reste une option niche par rapport au marché du neuf, il répond à des enjeux croissants. D’abord, celui des zones à faibles émissions, qui excluent progressivement les voitures les plus polluantes des centres urbains. Ensuite, celui du coût puisque transformer un véhicule existant reste souvent moins cher que l’achat d’un modèle électrique neuf équivalent. Enfin, il s’agit d’une démarche résolument circulaire : prolonger la vie d’un objet au lieu de le remplacer et donc économiser des ressources.
La prime au rétrofit s’inscrit donc dans une logique d’accompagnement, donnant un coup de pouce financier à ceux qui veulent franchir le pas, sans attendre de changer de voiture. Et si elle ne couvre pas la totalité de la dépense, elle symbolise un mouvement de fond. Celui d’une transition vers une mobilité électrique qui ne se fait pas uniquement par le neuf, mais aussi par la transformation du parc existant.
* Depuis le 1er juillet 2025, le bonus écologique pour l’achat d’un véhicule particulier neuf a été remplacé par une aide sous forme de CEE (certificats d’économies d’énergie).
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