Les nouvelles capacités renouvelables, moteur principal de la baisse
S’il est encore tôt pour crier victoire, plusieurs éléments dans ce nouveau recul des émissions chinoises semblent indiquer l’amorce de changements durables. En effet, si les précédentes baisses – temporaires – étaient liées à des facteurs conjoncturels, la dernière en date ayant été les conséquences de la crise du Covid en 2020 puis en 2022, cette fois-ci, une part significative de cette baisse est imputable à la montée en puissance des énergies bas-carbone, notamment renouvelables. « L’approvisionnement en électricité provenant des nouvelles capacités éoliennes, solaires et nucléaires a été suffisant pour réduire la production d’électricité à partir du charbon, même si la demande a augmenté », explique Lauri Myllyvirta. La situation est historique, conclut-il, puisque « C’est la première fois qu’une telle baisse est principalement due à la croissance de la production d’électricité propre ».
Les émissions du secteur de la production d’électricité (58 % du total) ont ainsi cessé de croître (-5,8 % au premier trimestre) alors même que la demande était tirée à la hausse (+ 2,5 %). Dans le même temps, la production d’électricité d’origine fossile, principalement issue du charbon et du gaz, a enregistré une baisse de 4,7 %. En dehors du secteur de l’énergie, les émissions de la Chine ont, en revanche, poursuivi leur hausse, la plus marquée étant l’utilisation du charbon dans les industries métallurgiques et de la chimie. Mais la baisse des émissions dans le secteur énergétique a donc bien permis de compenser cette hausse.
Comme le note l’économiste du climat, Christian de Perthuis, dans une note d’analyse, « du fait de ses investissements massifs dans le solaire et l’éolien, le stockage de l’électricité, et avec un complément d’hydraulique et de nucléaire », la Chine peut désormais « injecter trois fois plus d’électricité bas-carbone dans le système qu’il y a dix ans ». Ce qui lui permet, notamment dans le secteur des transports, de « faire face à l’électrification des usages sans générer d’émissions supplémentaires » note M. de Perthuis. L’analyse de Carbon Brief précise d’ailleurs que l’électrification des véhicules a participé à la baisse continue de la demande de pétrole.