Transition énergétique
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MaPrimeRénov’ : ce qui a changé avec la réouverture du 30 septembre

L’aide publique emblématique de la rénovation énergétique est revenue dans une version totalement remaniée. Revenus plafonnés, recentrage sur les passoires thermiques, baisse des aides et fin de certains travaux éligibles : on fait le point complet sur la nouvelle version du dispositif phare de rénovation énergétique.

MaPrimeRénov’ : ce qui a changé avec la réouverture du 30 septembre

Après trois mois de suspension, l’aide gouvernementale MaPrimeRénov’ est de nouveau accessible depuis le 30 septembre 2025. Mais cette réouverture se fait dans un contexte beaucoup plus strict : le dispositif est désormais limité, ciblé et moins généreux qu’auparavant. En cause : une demande en forte hausse cette année dans un contexte de contrainte budgétaire. Ainsi, au 12 septembre 2025, 71 828 rénovations d’ampleur avaient été engagées, contre 37 626 à la même période en 2024, selon les chiffres du ministère du Logement. 

Il faut dire que MaPrimeRenov’ est un dispositif plébiscité et apprécié des Français. D’après un sondage Ipsos réalisé pour le collectif Rénovons, près de 9 Français sur 10 estiment qu’il s’agit d’un dispositif prioritaire ou important pour réduire les factures et augmenter le pouvoir d’achat. Par ailleurs, 74 % des Français considèrent que les pouvoirs publics doivent maintenir MaPrimeRenov’ pour ne pas provoquer une baisse des commandes et mettre des artisans en difficulté. 

Soutenu par l’opinion, le dispositif a toutefois souffert d’innombrables ajustements réglementaires, perdant ainsi en lisibilité et en efficacité. « Depuis 2020, MaPrimeRenov’ et les aides à l’électrification à domicile ont évolué 14 fois »  soulignait récemment Thomas Moreau, président de Rexel France. Cette année 2025 n’a donc pas échappé à la règle avec une fermeture temporaire du guichet durant trois mois avant un retour dans une version plus restrictive. Officiellement, le dispositif avait été suspendu en raison d’un afflux record mais également de fraudes multiples

Preuve des questionnements et des besoins autour de la rénovation énergétique, lors de sa réouverture fin septembre, la plateforme de l’Anah (Agence nationale de l’habitat) a enregistré un afflux de 150 000 visites en quelques heures, provoquant sa mise en maintenance jusqu’en début de semaine suivante et bloquant de nombreux dossiers en attente. 

Attention toutefois. Les heureux élus seront rares. Pour contenir les dépenses, seuls 13 000 nouveaux dossiers seront acceptés d’ici fin décembre, le budget annuel alloué à MaPrimeRenov’ étant fixé à 3,6 milliards d’euros et ne pouvant être dépassé. À noter : les dossiers déposés avant la suspension du 23 juin seront traités selon les anciennes règles, et les versements d’aides continueront normalement.

Depuis 2020, MaPrimeRenov' et les aides à l'électrification à domicile ont évolué 14 fois.

Thomas Moreau

Président de Rexel France

Une aide désormais concentrée sur les ménages modestes

Pour contenir les dépenses, l’État a donc décidé de réserver l’aide aux foyers les plus modestes. Jusqu’au 31 décembre 2025, seuls les ménages très modestes peuvent ainsi déposer un dossier en priorité, soit ceux qui gagnent moins de 48 914 € pour quatre personnes en Île-de-France, ou moins de 35 285 € en province. 

Les ménages modestes, avec des plafonds de 59 549 € en Île-de-France et 45 234 € en province, peuvent aussi tenter leur chance, mais leur dossier ne sera accepté que s’il reste des places disponibles. Tous les autres foyers, aux revenus intermédiaires ou supérieurs, sont exclus jusqu’au 1er janvier 2026. Enfin, seuls les propriétaires occupants peuvent actuellement bénéficier de l’aide, les bailleurs restant écartés.

Des aides réduites et un reste à charge plus élevé

Au-delà des critères de revenus, le dispositif impose également un filtrage drastique sur la performance énergétique des logements. Depuis septembre, seuls les logements classés E, F ou G au diagnostic de performance énergétique (DPE) peuvent prétendre à MaPrimeRénov’. Les logements classés D et C sont désormais exclus. L’objectif est clair : concentrer les aides sur les passoires thermiques, particulièrement énergivores et progressivement interdites à la location.

Mais le resserrement ne s’arrête pas là : c’est le montant même de l’aide qui diminue. La suppression du bonus de sortie de passoire, qui représentait 10 % du montant des travaux, combinée à l’abaissement des plafonds de travaux subventionnables, modifie profondément l’équation financière pour les propriétaires. Désormais, le plafond s’élève à 30 000 € pour un gain de deux classes énergétiques, et à 40 000 € pour trois classes ou plus, contre 70 000 € auparavant.

Quels travaux sont concernés ?

Malgré ce resserrement des critères d’éligibilité et la baisse des montants d’aide, le périmètre des travaux éligibles reste large. MaPrimeRénov’ continue de couvrir les rénovations ambitieuses, sous réserve d’un gain d’au moins deux classes énergétiques et d’au moins deux interventions d’isolation thermique : isolation des combles, murs, toiture-terrasse, double vitrage, remplacement de chauffage carboné par un système non-polluant (chauffe-eau thermodynamique, VMC double flux, dépose de cuve à fioul, etc.).

Néanmoins, à partir de janvier prochain, l’isolation des murs et les chaudières biomasse ne seront plus éligibles au parcours par geste. Les autres travaux, comme l’isolation des combles ou les poêles biomasse, restent pris en charge. Les taux d’aide devraient se stabiliser jusqu’au 31 décembre 2026 selon la répartition suivante : 80 % pour les ménages très modestes, 60 % pour les modestes, 45 % pour les intermédiaires et 10 % pour les revenus supérieurs.

Conseils pratiques pour les propriétaires

Pour optimiser son projet :

  • Déposer son dossier rapidement si vous êtes éligible en 2025, surtout pour les travaux exclus à partir de 2026.
  • Vérifier votre éligibilité et estimer le montant de l’aide via les simulateurs en ligne ou avec un conseiller France Rénov’.
  • Anticiper le reste à charge et comparer les coûts si votre logement ne rentre pas dans les critères actuels.

Malgré ce durcissement des conditions, MaPrimeRénov’ demeure un levier financier non négligeable pour qui parvient à en bénéficier. Mais la fenêtre de tir se réduit drastiquement : avec seulement 13 000 dossiers acceptés d’ici fin 2025, la course contre la montre est engagée.

Le saviez-vous ?

Le programme SAFIR Habitat by Rexel accompagne les installateurs RGE pour valoriser les aides CEE et MaPrimeRénov’. Support administratif, avancement des primes… Un programme complet pour faciliter les travaux de rénovation énergétique ! Pour plus de renseignements, contactez les équipes à l’adresse suivante : safir@rexel.fr

Crédit photo : © Freepik

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