Perception des rôles dans l’électrification : un décalage révélateur
La transition électrique révèle un curieux jeu de miroirs déformants. Les citoyens, acteurs pourtant incontournables, ne se perçoivent pas comme tels – à peine un tiers d’entre eux (33 %) reconnaît son rôle dans le mouvement d’électrification des usages – quand près des deux tiers des artisans-installateurs leur attribuent une place centrale.
Ironie du sort, les artisans minimisent eux aussi leur position stratégique : à peine 58 % estiment jouer un rôle important, alors qu’ils constituent la courroie de transmission entre les politiques énergétiques et leur mise en œuvre concrète dans les foyers français.
Face à ce flou des responsabilités, artisans comme particuliers s’accordent néanmoins sur un point : 70 % des sondés désignent l’État et les entreprises comme premiers responsables des efforts à fournir pour l’électrification.
Perceptions et réalités de l’électrification : une même carte contrastée
Interrogés sur les moyens les plus simples de favoriser l’électrification, les Français dessinent une hiérarchie claire : s’impose d’abord l’optimisation de l’éclairage dans les bâtiments (38 %), suivie de près par le photovoltaïque (34 %). Plus regrettable, ce classement des perceptions relègue les pompes à chaleur à une position modeste (17 %), tandis que la mobilité électrique occupe le dernier rang avec un score alarmant – à peine 10% des répondants.
Une cartographie des perceptions qui trouve écho dans l’équipement réel des foyers. L’éclairage LED s’est imposé massivement (82 %), suivi par le chauffe-eau électrique (55 %). Mais un fossé se creuse ensuite : pompes à chaleur (25 %), véhicules électriques (20 %), systèmes domotiques (20 %) et panneaux photovoltaïques (17 %) restent l’apanage d’une minorité.
Dans le détail des freins à l’adoption des technologies d’électrification, les trois quarts des sondés jugent que les véhicules électriques sont trop chers. L’argument du coût prime également pour les panneaux photovoltaïques (44 %) et les pompes à chaleur (41 %). L’utilité perçue constitue un autre obstacle majeur : 47 % des sondés estiment qu’un chauffe-eau électrique ne leur serait pas utile. Une proportion qui monte à 50 % dans le cas des équipements domotiques, qui restent par ailleurs encore trop peu identifiés comme vecteurs d’économies d’énergie.
Un fort besoin d’accompagnement
Dans ce paysage énergétique en mutation, les Français ne masquent pas leur désorientation. Leurs attentes se déclinent en besoins concrets et pragmatiques : plus d’un quart d’entre eux (26 %) réclament un éclairage expert pour sélectionner les équipements adaptés à leur situation, et ils sont presque aussi nombreux (24 %) à souhaiter une clarification des offres disponibles et des acteurs du marché.
En résumé, il apparaît que l’électrification des usages reste encore un enjeu relativement méconnu par les Français. Ce déficit de connaissances, compréhensible en raison du flou généré par l’instabilité des dispositifs d’aide gouvernementaux, ne signifie pas pour autant qu’ils y soient réfractaires. Ils sont au contraire plus de 9 sur 10 à y voir au moins un bénéfice. Néanmoins, une vraie inquiétude se cristallise autour de la question des véhicules électriques. Leur coût apparaît comme prohibitif et les artisans sont une majorité à percevoir une réticence des Français sur cette question. Si l’enquête souligne sans surprise un important besoin en accompagnement, elle témoigne surtout de l’impératif d’un travail de pédagogie et de démystification pour lever les doutes et atténuer un manque de connaissances qui pourrait freiner la bonne marche de l’électrification et de ses enjeux.
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